Jacqueline Oyex
1931-2006
Biographie
Née à Lausanne en 1931, d’une famille aisée, Jacqueline Oyex fut une enfant surprotégée, en raison sans doute de la mort de son frère jumeau quelques jours après sa naissance. Placée dans un état de solitude et de convalescence permanente, elle passe de longues heures à dessiner. Elle accomplit une scolarité studieuse, et s’inscrit en 1951 à l’Ecole des beaux-arts de Lausanne. Elle est considérée par ses professeurs, notamment le peintre Marcel Poncet et le sculpteur Casimir Reymond, comme une élève talentueuse, mais dont il faut respecter l’indépendance. Après un séjour d’une année à Paris, en 1954-55, auquel une maladie met un terme, elle retourne à Lausanne chez ses parents. Elle travaille dans l’atelier de Violette Diserens, qui l’avait initiée à la gravure. En 1965, elle rejoint le groupe des graveurs de L’Epreuve, fondé par Albert-Edgar Yersin et comprenant notamment Pietro Sarto, Pierre Schopfer et Alexandre Delay. Elle tire également ses gravures à l’atelier Raymond Meyer à Pully.
En 1957, Casimir Reymond l’accueille dans son atelier à Lutry. Elle lui voue un amour exalté et platonique, qui ne fera que s’intensifier après son décès en 1969, auquel elle ne veut pas croire. Elle retourne alors vivre chez sa mère, dans un état d’introversion et d’angoisse aggravé, malgré le soutien et le réconfort que lui apporte son amie peintre Christiane Cornuz. En dépit de sa réserve et de son autodépréciation permanente, elle expose épisodiquement à la galerie Bridel à Lausanne, à la Rose des Vents à Vich, à La Proue à Lausanne; et elle participe aux manifestations de L’Epreuve. Sujette à des crises de dépression, elle est hospitalisée en 1982, et, à partir de 1984, placée dans un home médicalisé jusqu’à sa mort en 2006.
Jacqueline Oyex paraît avoir véritablement transféré son identité défaillante dans sa création graphique et picturale. C’est par son œuvre gravé surtout qu’elle s’est fait connaître, compositions oniriques, angoissées, peuplées de visages hiératiques qui fixent le spectateur, silhouettés par une ligne extraordinairement concise. A l’opposé de ce linéarisme minimaliste, et comme sous l’effet d’une oscillation dramatique entre le plein et le vide, les peintures se caractérisent par un matiérisme dramatique, au point de noyer les formes dans l’épaisseur de la pâte. S’il fallait leur trouver une ascendance, ce serait du côté de Soutine et de Marcel Poncet.
Les dernières années sont marquées par une esthétique de la disparition : les compositions s’amenuisent jusqu’à s’évanouir, comme une expression du désistement social de l’artiste et une anticipation de sa propre fin.
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